Patrimoine Les Eglises de Porchères

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Cadastre Eglise de Porchères

Au niveau du cimetière actuel de Porchères, la rivière fait une boucle assez marquée qui vient buter dans des roches plus dures, marquant un abrupt de près de 10 m de hauteur. Cette configuration naturelle a, très tôt, incité les hommes à faire de ce site un lieu stratégique. D’ailleurs une très belle hache en silex taillé a été découverte dans un champ à côté du cimetière, ce qui prouve l’occupation humaine dès l’époque préhistorique. De plus, la voie romaine reliant Bordeaux à Périgueux passe exactement en ce lieu, c’est le chemin qui longe le mur actuel du cimetière.

Il est tentant de croire que ce site a connu une première occupation dès l’époque romaine, mais nous n’en avons aucune preuve.

Le premier document connu date de l’année 1171. Il s’agit d’une bulle adressée par le pape Alexandre III à Mainard, abbé de Guîtres, et qui confirme que l’église de Porchères appartient à l’abbaye de Guîtres. Si on en croit les descriptifs que l’on en a fait au XIXe siècle, cette église aurait pu dater du IXe ou Xe siècle.

La paroisse de Porchères a dû prospérer car elle paye régulièrement ses impôts pendant quelques années. Elle dispose alors d’une église avec un curé et d’un prieuré et un prieur. Mais la guerre de cent ans, qui oppose les Anglo-gascons aux Français fait rage à partir de 1336 et à partir de 1378 la paroisse est dite « déserte ».

Après la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453, les seigneurs de Fronsac, qui sont les seigneurs dont dépendait la comté de Coutras décident de reconstruire le pays. Ils font venir de nombreuses familles nouvelles pour cultiver les terres. L’église, qui avait souffert de la guerre de cent ans, fut relevée à partir de la fin du XVe siècle grâce à ces nouveaux habitants.

On connait le nom d’un prieur en 1471, Jean DOMVILLE, qui assiste comme témoin lors de l’autorisation de construction du moulin d’Abzac, le 18 juin 1471. « fratre Johanne Domville, priore de Porchères ». En 1498, le prieur est Nicolas TAILLANDIER, qui est cité dans un document à propos d’un procès concernant l’abbaye de Guîtres.

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Plan 1 Eglise de Porchères
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Plan 2 Eglise de Porchères

A partir du milieu du XVIe siècle, le protestantisme apparaît en Bordelais. Coutras était un fief fortement protestant et l’insécurité était à son comble dans le Pays. Après la bataille de Coutras en 1587 de nombreuses églises ont souffert des troupes protestantes qui ont fortement maltraité ces édifices, déjà fragiles. L’église de Porchères n’y échappa pas.

Il faudra attendre le 4 janvier 1634, pour que Peiresc, abbé commendataire de l’abbaye de Guîtres relève l’église de la paroisse Saint Pierre de Porchères. Peiresc était un des plus grands savants de son époque, ami de Galilée. Il contribua à de nombreuses découvertes scientifiques. Ses archives, conservées à la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, ont conservé l’acte de prise de possession du prieuré de Porchères.

Les premiers registres paroissiaux pour la paroisse Saint-Pierre de Porchères datent de 1688. En 1704, lors d’une visite archiépiscopale, l’archevêque de Bordeaux Jean Baptiste Armand Bazin de Bezons constate l’état de l’église de Porchères : «  1704, 31 may. Visite de l’église St Pierre de Porcheres. Le samedy trente unième may mil sept cents quatre nous sommes allés visiter l’église parroissialle St Pierre de Porchères où nous avons esté reçu aux formes ordinaires par le sieur Vassée(?) du diocèse de Rhodès qui en est curé et après avoir fait notre prière avons trouvé que le croissant du soleil n’est pas doré, que le ciboire a besoin d’être changé et d’avoir une autre couverture, que la clef du tabernacle est très mal propre, que la pierre sacrée n’est pas assés avancée, qu’une seconde marche est nécessaire à la table de la communion, que les fonds baptismaux sons en très mauvais estat sans piscine, sans dais, sans burette ni image de St Jean et il n’y a point de balustrade au tour, que le confessional est à une seule place et sans crucifix, qu’il n’y a point de dais sur la chaire du prédicateur et que le ciboire est sans ornement. Avons appris que la parroisse est composée de deux cents trente communiants, que le sieur curé dîme les trois quarts de ladite parroisse et le sieur abbé de Guîtres un cart et que la cure qui est à notre collation est du revenu de mille livres et que ledit sieur curé n’a pas de maison presbitérale. Ordonnance : St Pierre de Porchères. Veu le procès verbal de visitte de l’église parroissialle St Pierre de Porchères du samedy trente unième may mil sept cents quatre, oui et ce requérant notre promoteur avons ordonné que le croissant du soleil sera doré, que le ciboire sera changé et qu’on y mettra une couverture neuve, que la clef du tabernacle sera polie ou changée avec une autre qui soit plus propre, que la pierre sacrée de l’autel sera avancée de deux doits seulement, qu’on posera une seconde marche à la table de la communion pour la commodité de ceux qui s’en approchent, qu’il y aura une piscine en bon estat aux fonds baptismaux, qu’on y mettra un dais, avec une image de St Jean, et que lesdits fonds sont entourés d’une balustrade avec des pointes de fer au dessus, que le confessional sera mis à deux places avec des crucifix à chacune, que sur la chaire du prédicateur on élèvera un dais et que le cimetière sera par tout fermé de bonne muraille avec une porte grillée à l’entrée »

Arrivée au milieu du XIXe siècle, la vieille église romane de Porchères menaçait de tomber en ruine. En 1851, la toiture fut enlevée pour être renouvelée ; les travaux furent suspendus et les offices ne purent plus être célébrés. Cet état de chose a duré plusieurs années au grand mécontentement des habitants de la paroisse. Ils ont alors été difficilement amenés à consentir qu’une nouvelle église soit édifiée dans le bourg avec les pierres de la primitive qui lui servirent de fondation. Voilà pourquoi aujourd’hui, le cimetière se retrouve isolé au bord de la rivière.



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Eglise de Porchères

La nouvelle église de Porchères

En 1853, M. Frouin, alors maire de Porchères, et M. Moreau ont donné des terrains dans le bourg de Porchères. Ces terrains servirent à édifier la nouvelle église, ainsi que la mairie et l’école.

L’architecte de cette église a été M. Alaux, célèbre architecte bordelais issu d’une grande famille d’architectes. Les travaux commencèrent à partir de 1860 et la première messe fut célébrée le 30 mars 1862. La nouvelle cloche date de 1870 et a été réalisée avec le bronze de l’ancienne par Vauthier, fondeur à Saint-Emilion.

Paul Roudié, dans sa passionnante thèse sur L’activité artistique à Bordeaux, en Bordelais et en Bazadais de 1453 à 1550, édition SOBODI, 1975, p. 451 nous révèle l’existence, dans l’église de Porchères d’un très vieux tableau (XVI° siècle ?). Voici ce qu’il nous en dit :

 « Ce panneau de dimensions moyennes, non documenté, placé dans un cadre moderne et situé dans une église récente, a très bien pu échouer là sans aucun lien ancien avec la région. Cependant comme il s’agit d’une œuvre intéressante, qui n’a jamais été signalée, et que son état déplorable condamne à une ruine prochaine, nous en donnerons une brève description. Le corps du Christ déposé sur le linceul est maintenu à moitié assis par Saint-Jean. La vierge agenouillée se penche vers lui et pose sa main sur sa poitrine. Du côté de la tête un vieillard, Joseph d’Arimathie ou Nicomède, tient la couronne. Derrière la Vierge, une sainte femme debout joint les mains, et plus à droite, la Madeleine s’essuie les yeux. A l’arrière-plan, sur la gauche, s’élève le Calvaire qui vient presque toucher le bord supérieur du panneau. A droite au contraire l’horizon est très bas et dégage un grand pan de ciel. Les parties hautes d’une ville logée dans un vallon se détachent sur des montagnes bleutées. Deux figures retiennent particulièrement l’attention. Le christ n’est ni décharné, ni contourné, mais possède une musculature développée habilement rendue. Son visage aux traits réguliers a beaucoup de noblesse, malgré le sang qui le souille. C’est une image déjà classique par ses proportions, son calme, son équilibre. La Madeleine au contraire se rattache nettement au courant maniériste par son élégance affectée jusqu’à sa mièvrerie. Son manteau flotte mollement derrière son dos et dégage le bras gauche, couvert d’une manche qui gonfle à l’épaule puis se resserre, avant de laisser voir sa doublure par des crevés. La tête très petite s’incline doucement, ce qui met en relief la longueur du cou. D’un geste étudié la sainte approche à ses yeux un linge fin, mais l’affliction ne déforme pas son visage au grand front, au nez long et délicat, à la bouche et au menton minuscules. »

Mais certains malintentionnés ont trouvé bon, dans les vingt dernières années, de saccager et de dérober cette toile qui semble aujourd’hui définitivement disparue.

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